Franck Pouilly en textes et en images...

C: La vie continuait...

La vie continuait…

 

 

 

Malgré l’arrivée des beaux jours, la mélancolie s’était installée.

 

Dans le même temps, Guillaume avait décidé de faire quelques travaux de rénovations dans la salle de bains, décrochant, au passage et par nécessité,  les miroirs des murs.

Faute de moyens et de temps, les travaux n’avançaient pas et la pièce resta dans cet état de nudité pendant plusieurs mois.

 

Dés que le soleil était assez haut et assez chaud, Alexis passait le plus clair de son temps dans le jardin. Dans les odeurs de conifères et de thym, l’été battait son plein.

Les oiseaux, les insectes, les fleurs et les fruits, tout ce petit monde était en mouvement. Une explosion de vie autour de lui qui s’affaiblissait peu à peu.

Les fleurs s’épanouissaient, sur les marguerites et le gazon japonais ça bourdonnait dans tout les sens. Ça gassouillait, piaillait et zinzinulait dans tous les coins du jardin.

La brise légère dans le feuillage du bouleau le berçait. La fine ombre des feuilles mettait sa peau fragile à l’abri des brûlures.

Les rayons du soleil, rosit, à travers ses paupières closes, le pénétrait peu à peu et pendant les longues après-midi, lui offraient chaque jour un peu d’énergie. Comme si à l’intérieur de lui on eut rechargé des batteries.

Le doux ruissèlement de la fontaine du bassin, lui rappelait les calmes cours d’eau des forêts profondes aveyronnaises. Ces petits ruisseaux aux bords desquels il avait passé tant d’inoubliables heures, à observer les truites, les portes-bois, les cingles et les martins-pêcheurs. Tout ça était bien loin.

Dans ses pensées, allongé sur son transat, les mains croisées sur le haut sa tête, calme et détendu par cette musique monotone et apaisante, il s’endormait d’ailleurs très souvent.

 

 

Son père, lui,  avait obtenu un mi-temps, et, du fait, ne travaillait que le matin. Les plus grands moments de la journée, ils les passaient l’un et l’autre à profiter d’eux.

Des discutions sur la nature, sur  les montagnes, sur leurs randonnées partagées, la pêche, les rivières, le Tarn, les écrevisses, la cuisine.

C’est vrai que des souvenirs, ils en avaient, ils s’en étaient fabriqués à la pelle même.

Alexis avait, depuis l’absence de sa mère, passé toute sa vie avec son père. Les vacances, les châteaux de sable, les baignades, puis à la maison, les devoirs, les tables de multiplication, les tours en brouette dans le jardin, ils étaient intarissables. Quand la mémoire manquait à l’un, c’était l’autre qui aidait. En 13 ans, Guillaume avait tout fait pour son fils, son seul fils et Alexis adorait son père.

 

 

Tous les sujets étaient abordés, sauf peut-être ceux qui parlaient de l’avenir.

Excepté celui de la derrière demeure, plutôt dans le cas d’Alexis, de son dernier envol. Sur ce point particulier, il avait laissé des recommandations écrites à son père, une manière comme une autre de laisser ces dernières volontés. Le sujet était tellement délicat qu’il avait préféré l’option écrite. Guillaume, qui avait lu la lettre dans le jardin en compagnie de son fils, n’avait pas pu retenir son émotion,  et n’avait juste eu à répondre qu’il était d’accord. Le paragraphe était clos, car tous les détails apparaissaient dans le texte, le sujet n’avait été abordé que cette fois là, et c’est bien suffisant.  Pourquoi se faire du mal quand on peut l’éviter. Et comme discussion, il y avait des thèmes bien plus intéressants.



20/04/2011
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