Franck Pouilly en textes et en images...

L'apprenti Guide

L’apprenti guide.

 

 

 

I

 

Bien qu’on le dise pourtant très souvent, l’hiver n’est pas toujours triste.

Ce matin par exemple,  la blancheur du givre offrait une dimension incomparable aux reliefs. Les arbres, pourtant si nus auparavant, retrouvaient  leur belle parure de printemps – quoique cette fois, un brin plus éphémère. Les plantes du jardin sortaient de leur sommeil en se fleurissant de dentelles. Le bas soleil de février, ocre comme l’argile, me rappelait l’atmosphère paisible des soirs d’été. Ce matin, tout était calme et serein.

J’adore cette ambiance,  bien que  je n’aime pas beaucoup le froid. Par -6, suis-je vraiment obligé de l’affronter ?

J’observais de derrière la fenêtre, sous leur abri de bois verni,  les mésanges du jardin,  qui s’activaient  sur les boules de graisses pendues à une ficelle. Laissant tomber de petites graines de toutes sortes qui opposaient dans des joutes d’affreux étourneaux.  Devant leur spectacle d’instinct primaire, un rouge-gorge attendait l’accalmi.

 Je les épiais quelques minutes puis  je quittais la fenêtre, les laissant à leurs corvées hivernales…

Repensant malgré tout à tous ces petits êtres dans le froid, je me persuadais de franchir le pas,  je ne vais tout de même pas oser rester au chaud !

C’était  décidé et comme je me m’étais résolu à sortir ce matin, ma chienne viendra avec moi. Je suis bien solidaire avec les oiseaux, « mon »  meilleur ami de l’homme  pouvait bien faire un effort !

Aujourd’hui, nous resterons au village. Les trottoirs sont glissants les chemins doivent l’être également, ma démarche est  peu assurée. Mon genou me fait souffrir, je marcherai donc plus doucement que d’habitude. Dans cet état, il ne serait pas prudent d’emprunter les sentiers ruraux.

Ce matin, je n’ai pas envie de la solitude des plaines, des champs, des cultures. Tous ces décors que j’adore d’ordinaire. J’ai besoin de me retrouver et pas de me retrouver seul. J’ai envie de  regarder les maisons, de voir des gens.  Parfois, il vaut mieux oublier de s’isoler, les ballades en ville ne sont pas dans mes habitudes, mais pour une fois il me semble que ça me fera le plus grand bien.

La rue est vide, rien à l’horizon. Quasiment aucune voiture n’est garée. Mes éventuels rencontres sont sans doute au travail. Quelques longues minutes et je reste  bredouille, aucune  occasion…

Ayant dépassé depuis longtemps les limites de mon quartier,  je logeais maintenant la haie du cimetière où quelques oiseaux y avaient trouvé un abri.

Je ne sais pas pourquoi, moi qui ne suis, de coutume, pas attiré par ces endroits  si ce n’est de temps à autres le jour des défunts- ce matin là, à ce moment là, une envie irrésistible de rendre visite à nos ancêtres m’est venue. La grille était close mais pas verrouillée, à peine rouillée. J’hésitais un bref instant avant de m’y infiltrer. Je pénétrais donc dans cet endroit qui d’habitude je trouvais  si glacial, si lugubre et dans lequel, pour cette fois, le soleil du matin me donnait  l’impression d’y retrouver un peu de vie.

L’endroit n’était pas très grand ; grand comme un cimetière de village. En général, ce genre de petite ville, qui ne dénombre pas énormément d’occupant, ne compte pas non plus beaucoup de morts. D’un tour d’horizon du regard, il ne présentait rien de particulier. Des tombeaux en état neuf côtoyaient  d’anciens caveaux. De grands mausolées, des tombes minuscules. Un mélange de prince et de roturier. Dans les allées,  les tombes et les monuments vieillots se faisaient face. Comme si l’on avait laissé, aux pierres tombales, la possibilité de lire le nom de leur voisin de face…

Je m’avançais doucement, observant les marbres, les granits, tantôt neuf tantôt  usés par le temps. La plupart était vide ou simplement habité de plantes fanées ou de fleurs synthétiquement éternelles. Quelques tombes pourtant étaient, elles, garnies de fleurs fraiches, de couronnes ou de plaques flambants neuves.  « Souvenirs » par si, « à notre » par là. Toutes ces couleurs pourtant ci gaies d’habitude, apportaient un sentiment de tristesse. La mort tragique d’êtres chers, disparus récemment, n’apporte jamais autre chose que son lot de souffrances et de peines.

Un peu plus loin une stèle armée jusqu’aux dents et autour duquel une sorte de  quatuor de  coldstream en uniforme végétal  montait la garde, commémorait les enfants morts pour la patrie, pour la France. Des maris ou des gamins de 20 ans qui n’ont pu, à leur épouses, à leurs parents, ne laisser qu’un morceau de bronze ou d’argent selon le mérite que les chefs leurs avaient attribués. Mort pour une soit disant « der des ders » qui ne le fût jamais. Puis 39-45, l’Algérie, l’Indochine, l’hécatombe n’en finissait plus. Je cherchais des noms familiers, des éventuels membres de ma famille. Bien heureux les gens, qui tout comme moi, n’en ont pas trouvé. 

Sur ce petit obélisque,  quelques noms de martyrs civils innocents y avaient également  trouvés leur place. Victimes de bombardements et de tueries inutiles.

Evidement, sur ce « grand » monument, mise à part les gardes, que des décors austères, aucunes fleurs, aucunes couleurs.  Rares sont les élites de l’état qui s’aventurent dans ce genre d’endroits en dehors des dates commémoratives. Si ces couleurs ne sont pas, déposées par de rares anciens camarades encore vivants qui ont perdu un ami dans de sinistres combats.

Je laissais cet endroit pour me consacrer aux autres locataires des lieux.  Je cheminais tour à tour dans les allées de schiste pour aboutir à la limite du cimetière. On y avait dressé une sorte de muraille sur laquelle de petit box était obturé de plaque de marbres boulonnés de laiton. Les habitants de ces petits logements ayant choisi, lors de leurs funérailles - eux qui furent poussière - de finir en poussière plus rapidement que les autres. Ils avaient également choisis d’y faire leur dernier logis.

Pour ma part, moi qui rêve d’espace, plutôt que d’être enfermé entre ces 4 petits murs de béton, à leur place, je n’aurais pas dédaigné m’enlever du mont soleil, depuis le rocher saint pierre vers la vallée où coule ma chère rivière vers son trio de lac, dans le but ultime de fertiliser toutes les montagnes que j’aime tant et que je n’ai pas revue depuis tant d’années.

Chacun son choix, si tel était le leurs, je le respecte. Ils souhaitaient  sans doute rester proche de leurs enfants ou leurs amis et ainsi pouvoir  veiller sur les eux.

Je les laissais à leurs œuvres pour découvrir non loin de là, sous un arbre, des tombes veillottes, décrépites qui semblait oubliées par le temps, et déformées par les racines mise à nues.  Une seule d’entres elles se démarqué des autres par une petite croix Baroque faite de bois fixé sur le monument à coté de laquelle était plaqué un médaillon où figurer le portrait du funeste habitant. Sur la plaque un nom inconnu, mais la petite sculpture d’olivier me rappelait à son souvenir.

Je m’approchais doucement pour essuyer la vitre poussiéreuse du médaillon pour y découvrir le visage de ce mystérieux inconnu.

A ma grande surprise, il ne l’était pas.  Je le reconnaissais  et  Il n’avait pas changé ; Il était resté, malgré le temps, identique au personnage gravé dans mes souvenirs. Au moins 25 années d’était écoulées depuis notre dernière rencontre.  Je m’assis, respectueusement à ces cotés pour me remémoré quelques souvenirs …

 

II

Le traquenard

 

En ce temps là, les grandes études n’ayant jamais réussies à parvenir jusqu'à moi, j’étais parvenu, à l’instar de mes ex-camarades de classe, à gagné quelques mois de repos après les grandes vacances. Pour être plus clair, l’éducation nationale n’avait plus besoin de mes services d’écoliers et donc, de ce fait,  je passais mes journées à ne rien faire. Ma mère désespérée de me voir ne savoir que faire de mes dix doigts, m’avait, grâce à notre voisinage, envoyé m’entretenir avec l’adjoint au maire, amis de mon défunt père, afin que celui-ci puisse m’aider à trouver ma voie. Il faut dire, qu’a cette époque, aucune carte, boussole n’aurait était d’une  grande utilité pour moi. Je m’étais beaucoup trop égaré.

Je fus donc convié à un entretien avec lui.

Le rendez-vous avait lieu à 8h30 dans une ancienne maison de maître reconverti en lieu d’utilité public où tout un tas de gens venait, en quelque sorte, demander l’aumône et à qui,  d’une certaine manière, je ressemblais un peu. J’étais au bureau d’aide sociale.

 On y entrait par une porte cochère qui donnait dans un grand  vestibule pavé de granit rose. Au fond, une baie de vitraux laissait découvrir un jardin utile à personne et mal entretenu.

Un panneau indiquait l’entrée des bureaux. En haut des trois marches d’un escalier de pierre, une fois franchi la double porte vitrée, j’aboutissais sur un large hall sur lequel trônait un large comptoir de bois derrière lequel une femme à peine aimable releva les yeux et me fit un signe de tète en guise de bonjour.  L’endroit était froid, sinistre et sombre, à l’image de l’employée vers qui je m’avançais pour une rapide présentation, ce qui fut très difficile tant j’avais le sentiment de la déranger. Plongé dans un magazine ouvert sur des recettes de cuisine, elle m’avait pourtant au départ donné l’impression d’être submergé de travail. Elle quitta brièvement sa précieuse corvée pour m’indiquer tout de même la salle d’attente ou plutôt un couloir dans lequel on avait posé deux bancs très laids sans doute récupérés dans une ancienne gare des environs servait de siège et  un petit guéridon sur lequel étaient posé des magazines d’actualités d’un autre âge. Dans ces vieux paris match, j’y réapprenais la mort de Jacques Pervers, décédé trois ans plus tôt et au travers de l’hommage que l’on lui faisait, j’y retrouvais les poésies de mon enfance et je vagabondais dans mes souvenirs de gamin, et, pour le coup, ailleurs que dans ces lieux sordides.

Après quelques longues minutes d’attente sur cet inconfortable bois, on me fit appeler en m’indiquant du doigt une porte d’une hauteur pas banale.  Après un toc-toc discret sur le chêne de la porte, et l’autorisation qui en suivi,  j’entrais dans le bureau.  Ce lieu austère sentait le tabac froid. Mon interlocuteur était assis à un bureau de maître d’école et fumait la pipe.  Je me présentais comme venant de la part de ma mère bien qu’il me connaissait déjà,  -sûrement un excès de timidité de ma part - il me fit asseoir.

En  regardant brièvement autour de moi, je remarquais au dessus de la porte un crucifix. Sur le mur, 2 photos anciennes encadrées, sur l’une d’elle une femme en noir, sur l’autre un homme en costume gris, pipe au bec. Sans doute, la mère et le père de mon hôte, dont je reconnaissais la pipe.  Sur le bureau, un présentoir à pipe avec ses outils goudronnés,   un sous main de cuir usé par le temps, un porte crayon en bois d’un autre âge.  Les murs d’un blanc jaunâtre presque beige portaient les stigmates des fumoirs de l’ancien temps. Les moulures étaient sales. La fumée avait fini de repeindre la pièce d’une autre couleur.

Mon fumeur de pipe m’appris que l’un de ses amis patron intéressé par mon jeune âge, était prés à m’accueillir dans son entreprise afin de m’y apprendre un métier. Un des plus vieux et beau métier du monde. Je n’ai pas eu beaucoup de peine à cacher mon enthousiasme, il faut dire que Je ne savais pas en ce début de journée que quelqu’un entreprenait  de me sortir de ma torpeur matinale et à changer ma vie indolente. Vous comprenez ma surprise.

Son ami était prévenu, le rendez-vous avec mon nouveau patron avait lieu à 10h.

L’ami du paternel  m’avait trouvé un apprentissage dans une des plus grandes menuiseries de la ville. A 17 ans, Je deviendrai donc, par la force des choses et non par vocation apprenti menuisier. Tout ceci ne m’emballait pas outre mesure, mais je devais me résigner faire quelque chose de ma vie et gagner un peu d’argent - d’après ce qu’il a pu me dire - et surtout, on ne me laissait pas vraiment le choix.

Après un grand nombre de recommandations – il craignait beaucoup pour sa réputation - sans oublié de me souhaiter bon courage, il me laissa partir pour le rendez-vous avec le « métier de  ma vie ». Je ne le connaissais pas beaucoup mon bienfaiteur, pourtant il me semble bien avoir eu affaire à un brave homme ce matin là. Là dessus, je quittais les lieux en oubliant de saluer cette sombre hôtesse qui m’avait si mal accueilli, sans un regret. Je claquais la porte vitrée pour être sur la déranger une dernière fois.  C’est fou ce qu’on parfois est distrait quand on est jeune…

Je fis la route à pied, le soleil était chaud pour un mois de mars. J’avais 3 bon kilomètres avant d’atteindre l’entreprise, ce qui me laissa amplement le temps de gamberger à ce que pourrais bien dire à ce nouveau patron que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam.  Jusqu'à ce jour, je n’avais jamais été confronté à ce genre de situation, ma jeunesse, ma fougue m’entrainait parfois à faire tout un tas d’action débile. J’avais donc un peu peur de mes propres réactions. Sans compter que ma timidité me forçait souvent à générer un mur de froideur contre les attaques extérieures. Qu’allait-il penser, comment allait-il m’accueillir, me regarder, me juger ? Trop de questions, ça ne s’annonçait pas très simple. J’avais levé le pied depuis bien longtemps, j’étais beaucoup trop  a l’avance et surtout pas très pressé d’arriver mais je parvenais au bout de 30 minutes devant l’entrée de la menuisière. Je me rendais compte une fois devant la porte, que les murs de cette fabrique je l’ai connaissais bien. je les longé une fois l’an, sans jamais une seule fois les remarquer. 2 portes battantes énormes et grande ouvertes m’ouvrait leur bras, la grande cour de l’entreprise m’impressionnait, je vérifiais par acquit de conscience le nom du lieu sur le mur d’enceinte, aucune erreur, c’était ici, il fallait donc  y aller.

Je remarqué plusieurs bâtiments, tantôt énormes, tantôt minuscule, tous vieillots. L’un d’eux, à deux étages, laissé dépasser par une ouverture une espèce de potence sur lequel il y avait un treuil. Un autre ressemblait à un énorme hangar de ferme.  Des vitrages étaient posés sur un mur.

Moi, ce que chercher surtout, c’était mon lieu de rendez-vous, mon nouveau patron.  Je remarqué plus loin un petit bâtiment vitré devant lequel une seule et belle voiture était garé et devant laquelle, sur le mur, on trouvait des panonceaux « accueil et bureau ». Sauf erreur, c’était là.

Dans le hall, 3 portes, l’une d’elle était ouverte. Par facilité, je choisissais celle là. Je pénétrais dans le bureau, une dame brune sur sa machine à écrire à son bureau parue surprise, j’y étais entré sans frapper. Elle m’accueilli pourtant très aimablement par un bonjour.

 

-          « Je suis M. ..., je viens voir monsieur Alexandre »

Pas plus, pas moins , une phrase toute bête, même pas de bonjour, même pas de s’il vous plait, une phrase même pas réfléchie même pas travaillée, un sujet, un verbe, naturelle quoi.  Ça commençait mal.

-«  c’est moi » me dit une voix sur la gauche.

Je découvrais derrière la porte un homme assis à son bureau, un grand bureau sur lequel était posée une chéchia de fourrure noire. C’était le patron, il en avait l’allure et l’ameublement. Droit, fier,  sur de lui, très à l’aise.  J’étais là, face à lui, tous minus et tout Penot ; il me fit asseoir.

Une fois assis à sa hauteur,  je le détaillais du regard, son visage rond coiffé d’un crane chauve sur lequel on distinguée à peines des reliques de cheveux gris et qui lui donnait une mine joviale. Il avait, comme on dit chez nous, de bonnes couleurs.  Tout ceci, contrastait avec son regard sévère sous ces sourcils sombres.

Il portait une chemise bleue à col blanc. Mais une chose par-dessous tout me frappait et sur laquelle je m’attardais, Il portait un de ces nœuds papillons de cérémonie, comme ceux que l’on met pour un mariage ou une soirée. Je dois bien admettre que cet artifice vestimentaire me rassurait un peu, surement  un souvenir de télévision, de piste aux étoiles, de « bariots ». Ce nœud papillon me paru tout de suite très sympathique.

Finalement je ne savais pas à qui m’adresser, Les yeux noirs ou l’insolite, ce fut l’insolite qui en sorti.

-          « qu’est qui t’amènes ? me dit-il en employant ce tutoiement rassurant

-          « C’est Monsieur Dumont qui m’envoie pour la place »

-          « A je vois…et c’est quoi toute ces décorations », fit-il en indiquant les badges, les chainettes et les épingles à nourrisse sur mon gilet matelassé.

-          « c’est de groupes que j’aime bien, et de trucs que j’ai trouvé par terre »

-          « c’est pour épater les filles ? » «  t’en connais beaucoup »

-          « pas mal, mais c’est jamais sérieux »

-          « Ta franchise me plait bien » me dit-il « tu démarres ce matin, à moins que tu as autre chose de prévu, nous aurons le temps de discuter du contrat plus tard. »

-          « d’accord ? »

Ce sont les seuls mots qui me virent « d’accord ! », je n’aller pas mentir, après tout ce matin là, j’avais tout prévu sauf ça.

Mon nouveau patron appela quelqu’un au téléphone, lui ordonna de venir chercher « le petit nouveau ». Apparemment j’étais déjà connu.

 

 

III

M. Tonche

 

 

Le contremaitre vint me chercher. Avec sa  blouse grise,  il ressemblait à un de mes maitres d’école primaire. Il était grand et maigre, disgracieux.  Les muscles de son visage ne paraissaient pas avoir été prévus pour sourire. Il avait des cheveux fins mal coiffés et presque collés au front. A Son air ronchon, je compris vite qu’il ne faillait pas s’attendre à un accueil très amical. Il me balaya rapidement d’un demi-regard par-dessus ses lunettes demi-lune, me fit le signe de le suivre. A son attitude antipathique, je sentais  bien qu’il  me rendait coupable d’être l’objet à l’origine de cette nouvelle mission dont on venait de l’affublé.

C’était un homme pressé et très nerveux, j’avais peine à le suivre malgré sa démarche chaloupée d’anthropoïde dont les membres surdimensionné ne sont pas adapté à la marche. Les jambes et les bras désynchronisé semblaient être manipulés par un marionnettiste enivré.  Il semblait danser sur le rythme désordonné de ses propres pas. Le gibbon me laissa à peine le temps de mémorisé le chemin tant j’avais tellement de chose à emmagasiné dans ce nouvel univers. M. Gilbert Tonche, il s’appelait, je l’ai su bien plus tard. Mais pour moi s’était « Le gibbon », voila comment je l’avais baptisé, j’aimais trop les créatures à plumes  pour lui offrir un nom d’oiseaux, je lui préférais de loin un nom de primate, dans la catégorie d’animaux que j’affectionnais beaucoup moins. Si j’avais du le classer dans une catégorie, « Divers et variés » est celle que j’aurais surement choisie.

Il soufflait, maugréait des mots grossier et en quelques secondes, avait déjà oublié mon existence. J’avais comme l’impression qu’il me trainait comme une espèce d’imperceptible boulet. Ça fait tout de même une drôle de sensation de se sentir insignifiant, quand parfois on a confronté à des gens aussi affairé. On est parfois peu de chose.  Je ne pense pas qu’il le faisait exprès, je crois plutôt que son travail lui monopolisé tout l’encéphale, toutes ces pensées. Il était comme ça voila tout.

Effectivement, ce n’était pas vraiment ce que j’attendais de lui, j’en attendais peut-être de trop. Je ne pense même pas qu’il ait pu en gardé le moindre remords.

C’est sans doute pour cela qu’aujourd’hui, quelques soit mes préoccupations,  je fais en sorte de prendre un peu de mon temps pour mes petits nouveaux. Se faire plaisir pour faire plaisir au autres, 2 ou 3 minutes passées à être humain sur toute une vie, C’est quoi finalement ?

 J’espère au moins qu’a chaque fois, il leur en reste quelque chose de bon et de rassurant. Presque  à  chaque fois, j’en ressors fier de moi.  Quand je songe aux dizaines d’années passées et aux souvenirs qu’il m’en est resté, j’ai forcement envie de leur  fabriqué autre chose.

A l’entrée de l’atelier, il me « largua » au premier venu, un infortuné ouvrier en salopette qui passé par là.

-« jean, tu t’en occupes, moi l’ai pas l’temps !»

Si je n’avais pas encore compris, au moins là c’était clair.

-« tu lui fais faire le tour, après on verra ! »

Après l’avoir briffé rapidement, il remit sa démarche en route, pour se dirigé vers un escalier qui grippait tout droit vers une espèce d’immense aquarium où il avait vraisemblablement ces quartiers et d’où l’on pouvait l’observer gesticuler dans tout les sens et d’où Il avait une vue imprenable sur l’ensemble de l’atelier.

« Je m’appelle jean, je suis o.s 3»

« Moi c’est Franck, je suis nouveau. »

 Forcement, pour une première rencontre s’était n’importe quoi. Mon nouveau collègue faisait parti de l’entreprise, et forcement comme je venais d’y arriver, il devait bien ce douté que j’étais nouveau. On a parfois de ces phrases ridicules la premières fois.  Il faut bien admettre que de rencontrer autant de gens en si peu de temps m’avait un peu détraqué. En plus, j’avais affaire au tout premier collègue de ma vie. J’avais eu des maitres, des professeurs, des camarades, des copains, des amis, tout un tas de chose de ce genre là mais jamais je n’avais eu de collègues rien qu’a moi. Avouer que ça en aurait perturbé plus d’un. En tout cas, c’est sur, moi, ça ma perturbé. En plus, c’était un « o s 3», pas un 1 ni un 2 mais un 3, une pointure par rapport à moi en quelque sorte.  Je ne savais déjà pas ce qu’était un « o.s », mais alors un trois…

Nous commençâmes la visite, au début, je dois bien admettre que je me sentais un peu perdu dans ce grand bâtiment où je ne retrouvais personne de familier.  Jean mis tout de suite à l’aise en m’expliquant, tout en avançant dans ce nouvel atelier, ce qui faisait à longueur de journée, quel était son métier.  J’étais un peu surpris de voir autour de moi, posé sur les établis les murs, les tréteaux, les murs tout un tas de pièces de bois, de fenêtres, de portes, de morceaux d’escaliers. Tout, sauf ce qui j’imaginais, Il faut dire qu’une menuiserie en face d’un cimetière, m’avait fait  plutôt penser à une fabrique de cercueil, une espèce de salon funéraire où les morts étaient entouré de bois pour finir de l’autre coté de la rue. C’est fou à quelle vitesse la pensée peu inventer n’importe quoi parfois.

 

………A suivre

 

 

En construction...

 

 

Les anciens

 

 

Les « anciens » parlaient beaucoup. Ils savaient tout, ils me parlaient du patron. Ils connaissaient son prénom, connaissaient son père – le vieux qu’ils disaient-,  ils le connaissaient depuis bien fort longtemps même.

A  les entendre, ils étaient presque des amis, presque de sa famille. J’étais  impressionné, épaté, moi, le petit nouveau.

Quand « Monsieur Alex. » faisait le tour de l’atelier, tout ce beau monde s’activait, chuchotait. C’était des « attention » des « le v’là ».  Je voyais bien que que le patron ne les connaissait pas tant que ça, il ne s’arrêtait même pas pour les saluer, ne leur adressait même pas la parole.

Je remarquais bien à leur tète baissée que les « anciens » le craignaient. mais pourquoi avait t-ils si peur d’un "ami" ?

 Si bien que, j’ai compris que, parfois, certains adultes sont des menteurs, des lâches et qu’ils parlent trop sans rien savoir.

Le plus souvent, La sincérité est réservée aux plus jeunes.

Moi, « le patron » je ne le connaissais pas. Je ne connaissais pas son âge, pas même sa famille. Mais quand il faisait son tour, je m’avançais vers lui, je lui serrais la main, je n’en avais pas peur. 

D'Ailleurs pourquoi en aurais-je eu peur, il était fait de chair et de sang comme moi. Il possédait un peu plus de pouvoir peut-être, mais la magie ne prenait pas sur moi.

Je ne cherchais pas à le défier, je le traitais juste comme un être humain, il en faisait de même avec moi.

Finalement, on ne se parlait jamais, on ne se côtoyait pas, et malgré cela, on se comprenait je crois. Je le respectais un peu pour cela et je pense que  s’était réciproque.

 

 

Le paternel

 

 

Mon paternel était installé à deux pas de la menuiserie. Une centaine de mètres tout au plus. Il y avait bien longtemps que nous nous parlions plus, et que nous ne parlions plus de lui. Plus de 10 années. J’avais fini, à force de dissimulation, par le rejeter, par l’occulter, l’enfouir au plus profond de moi même. Aux questions, je répondais souvent par des mensonges, des exagérations, pour faire croire au monde qu’il m’était complètement indifférent, que, quelque part, je le détestais. Plus j’inventais, plus je m’endurcissais.

En général,  cela suffisait à mettre fin aux interrogatoires, sans pour autant que j’en sois ravi. Finalement, ça me plaisait bien de parler de lui, même si je faisais semblant de croire à tout les mensonges que je racontais. C’est bizarre comme l’être humain peut-être compliqué et difficile à comprendre parfois.

Durant toutes les années passées dans ces ateliers, a part dans ces moments là, Je n’ai jamais eu à penser à lui. Entre 17 et  20 ans, en général, les jeunots ont d’autres préoccupations et d’autres centres d’intérêts.

Jamais durant cette période de ma vie, Je n’ai eu besoin de ressentir d’affection à son égard. C’est aujourd’hui, en écrivant ces lignes, que je me rends compte que je n’ai jamais été aussi proche de lui et lui aussi proche de moi. Nous n’avons jamais partagé autant notre quotidien, vu le même ciel, les même nuages. Nous supportions la même odeur de maïs, les mêmes poussières de ciment, le même bruit de scierie. Nous avions traversé, sans nous en rendre compte et conjointement les mêmes saisons.

J’avoue que je regrette un peu aujourd’hui ne pas avoir traversé la rue, ni même avoir pensé à vouloir le faire. J’étais trop jeune pour songer à tout ça, et surement pas assez sensible. Ce qui me rassure et qui m’excuse un peu, c’est que je ne le pas faisait pas exprès. En ce temps là, mon être profond n’en n’éprouvait sans doute pas encore le besoin.

Je ne pense pas que mon père m’en ait voulu pour autant, car « dieu merci », je crois bien qu’il ne s’est rendu compte de rien*.

(Quoi qu’il en soit, cher lecteur, pour utilisé l'expression « Dieu merci », j'ai du utiliser un artifice; il va de soit que Je ne remercierai jamais Dieu de m’avoir privé de lui)...

*Détail important: la menuiserie où je travaillais était située rue du général Dame, en face du cimentière.

 

 

Le Guide de quelqu’un.

 

 

Apres avoir été apprenti tuteur, un jour, moi aussi, j’ai sans doute été le gepeto de quelqu’un. Une sorte de père spirituel, une sorte de guide.  J’ai parfois pris sous mon aile des gamins égarés ou en manque de quelques choses, un peu à mon image, et à qui j’ai essayé d’accordé un peu d’attention ou un peu d’affection comme ça presque gratuitement, sans même chercher à savoir pourquoi je le faisais.

Pour la gratuité, Je dis presque. Puisque finalement, la seule chose que j’exigeais d’eux en retour, c’est un peu de reconnaissance et de ménagement. Juste ça, Juste un peu. Quasiment rien en somme.

Dommage que je n’y sois pas toujours parvenu car quand c’était le cas, j’en éprouvais un profond bien être, et une formidable satisfaction. Finalement, en m’occupant d’eux, je m’en suis servi pour me rendre heureux. Quel égoïsme tout de même !

D’autres de mes protégés ne m’on jamais montré de gratitude, comme, je n’ai pas su le faire en mon temps pour mon Gepeto. Je ne saurais sans doute jamais s’ils ont retenus quelque chose de mes modestes enseignements. Mais qui sait, Peut-être qu’un de ces matins, un de mes disciples,  qui, m’ayant retrouvé dans sa mémoire, me rendra un dernier hommage au pied de ma vallée ou sur le mont soleil en pensant tout simplement à moi. A titre posthume, j’en serai tout simplement heureux.

 

 

 

Idées au fil de l’eau…

 

 

 

 

Au début, je dois bien admettre que je me sentais un peu perdu dans ces grands bâtiments où je ne retrouvais personne de familier. Comme

Il faut dire qu’une menuiserie en face d’un cimetière, m’avait fait  plutôt penser à une fabrique de cercueil.

 

 

Je choisi donc d’y planté auprès de lui,  une graine en suggérant  à  Mon gepeto , qui reposait à cet endroit,  de la transformer en un chêne majestueux, cette essence si noble qu’il l’avait nourri tout au long de sa vie et à qui,  il rendra un peu de son âme en retour.

 

Nous devons tous suivre la voie de la vérité mais s'en écarter lorsque le mensonge devient la meilleure des choses.

 

 

Ce jour là, finalement, je n’ai rencontré personne a par moi-même et mon passé et je m’en retournais chez moi…

 

Il s'agit pour moi plus d'un plaisir qu’une thérapie. Mais, il est vrai que certaines périodes sont un peu plus propices à ce genre exercice. Attention tout de même, la fiction et la réalité ont tendance parfois ce mélanger. Rien n’indique où ce trouve la vérité...encore moins le mensonge...

 

Croix Baroque bois d'olivier accroché sur le présentoir à outil.

 

 

essai : Le paternel 1

 

Quand je pense que mon paternel résidait à deux pas des ateliers et que durant toutes les années passées dans cette menuiserie, je n’ai jamais ressenti quoi que ce soit comme sentiments à son égard, c’est aujourd’hui en écrivant ces lignes que je me rends compte, qu'a cette époque, je n’ai jamais été aussi proche de lui. Je n’ai jamais partagé autant son quotidien, vu le même ciel, les même nuages, supportée la même odeur de maïs, les mêmes bruit de scierie. Je regrette un peu aujourd’hui de ne pas avoir traversé cette rue, ni avoir même jamais la pensé. J’étais trop jeune pour songer à tout ça à cette époque. Ce qui me rassure et qui m’excuse un peu c’est je ne le pas faisait pas exprès. En ce temps là, mon être profond n’en n’éprouvait sans doute pas le besoin. Je ne pense pas que mon père m’en ait voulu, car « dieu merci », je crois bien qu’il ne s’en ai jamais rendu compte.*

(Quoi qu’il en soit, cher lecteur, pour utilisé l'expression « Dieu merci », j'ai du utiliser un artifice; il va de soit que Je ne remercierai jamais Dieu de m’avoir privé de lui)...

*Quelques explications: la menuiserie où je travaillais était située rue du général Dame, en face du cimentière.

 

 

 

 

 

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14/04/2011
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