Franck Pouilly en textes et en images...

Crepuscule

Crépuscule.

 

 

J’avais garé la voiture prés du pont, un peu comme d’habitude. Puis je descendais le chemin vers le canal.

 

Je suivrai le chemin de halage, de toute manière aujourd’hui, je n’avais pas vraiment de but. Je trainais.

 

Le cours d’eau était lent, ma démarche nonchalante. De l’autre coté de la rive aucun passage, personne sur les troncs horizontaux où d’ordinaire les enfants jouent à l’équilibre, personnes sur le gazon des monts où l’on trouve souvent des amoureux ou des lectrices, le wagon avait fermé des portes, l’embarcadère des bateaux mouches était vide.

 

Les cormorans séchaient leurs ailes. Quelques grèbes effectuaient quelques plongées.

 

Je croisais une famille heureuse en apparence, le gamin sur les épaules du père, la fillette prés de sa mère un peu en retrait de son papa. Un bonjour poli, et tout était dit.

 

Apres ça, plus personne…

 

Ça là que l’on se rend compte de la longueur et de la monotonie de ses chemins goudronnés d’où l’on tirait les bateaux mollement. Imaginez  le temps jadis où, tiraient par des chevaux les péniches avançaient lentement sur le canal et le calvaire de l’homme qui ne faisait rien d’autre que de guider des canassons qui connaissaient la route par cœur et ne pouvaient que suivre qu’un seul chemin.

Quel ennui…quel sentiment d’inutilité… j’avais ce même sentiment.

 

Personne devant, personne derrière. Le vide.

 

Que peut-on y trouver le soir…je n’y trouve déjà pas grand-chose la journée.

 

Par bonheur, l’escalier de bois pour accéder sur les hauteurs du talus avait été refais Un bel escalier dont les limons étaient fait d’un tronc coupé en deux longueurs et les marches de quart de bille de bois. Enfin quelques chose qui résistera au temps qui n’est pas toujours clément par ici.

 

Sur le haut, j’avais le choix… Le belvédère ou l’observatoire… le nord, le sud… le retour vers la maison ou l’égarement. Au point ou j’en étais, le choix ne fut pas difficile.

 

Deux joggers traçaient le chemin, et je gravissais les quelques marches du promontoire du belvédère sur lequel j’avais aboutis au détour d’un chemin. De là haut, Je ne découvrais rien de nouveau, les herbes hautes mêlés aux orties, le canal plus loin avec ces quelques foulques, les chemins de halages vides, les maisons au loin, les champs de blé vert plus prés. Rien de réjouissant. Quelques cris d’enfants au loin jouant sans doute sur l’embarcadère. Sinon à part le bruit du vent et des oiseaux. Rien, absolu rien. Aucun bruit de pas. Personne. Je restais quelques moments accoudé sur les planches poussiéreuses, dans mes pensées et mes réflexions.

 

J’abandonnais ce lieu presque sinistre pour prendre le chemin opposé.  Celui de l’observatoire.

Sur place, je choisi de  m’installais sur l’un des 5 bancs, pour y faire quelques observations. Je restais là long grand moment, à scruter l’horizon.

 

L’observatoire n’était pas vide, un gars en parka kaki y tapotait sur un pc portable. Que pouvait-il bien faire là à une heure où les autres passent à table. De temps à autre, il s’arrêtait pour regarder à gauche ou à droite. De temps en autre il bloquait, pensif en fixant une balustrade de rondins de bois comme pour y puisait de l’inspiration, et d’autre temps de son mouchoir se frottait les yeux.

 

Les bras croisé assis sur son banc, il prenait de longue pose, comme pour réfléchir à une situation. Le soleil qui l’éclairait au travers des feuillages laissait paraitre sur les rides de son visage des traces de tristesse profondes.

 

Un groupe de gens passait sans même prêtait attention à lui, puis s’arrêtais plus loin pour observer un arbre ou un vulgaire moineau.

Dans les yeux du gars qui les regardait s’éloigner, j’avais pu lire de la rancœur lorsque les passants avaient observé les végétaux. Comme si, lui, un être humain, avait représenté moins d’intérêt à leurs yeux que l’un de des milliers d’arbres ou de centaine d’oiseaux.

 

Il continua à tapoter sur son clavier, à deux doigts. Puis il posait son clavier sur le banc pour refermer son parka. Le vent montait, le soleil disparaissait de plus en plus dans les arbres. De temps à autres il se frottait les mains machinalement, les posait sur le banc et scrutait le ciel comme pour mesurer la vitesse des nuages menaçants.

 

Que faisait-il à une heure pareille dans un pareil endroit. N’avais t’il pas de famille, d’amis, de femmes, d’enfants.

Comment peut-on laisser un homme seul au milieu de cette nature ?

Est-ce lui qui l’avait choisi ?

 

Il agrippa le banc, redressa le dos, puis leva le menton comme pour flairer l’air. Ecouta de gauche à droite le piaillement des oiseaux. Le chant les merdes annonçaient le crépuscule. Comme pour donner le signal du départ aux nocturnes et aux diurnes.

 

L’homme resta encore un moment à écouter la nature, en s’asseyant sur les lames de la terrasse de bois pour profiter des derniers rayons de soleil. Assis, les bras croisés, les yeux fermés, il le fixa longuement, comme pour y prendre de l’énergie. Sur son visage souriant, on devinait qu’il y trouvé également un certain bien être.

 

Les nuages avaient presque tous masqué à présent. Le soleil parvenait à peine à l’éblouir bien qui le regardait a présent les yeux grands ouverts.

 

Une corneille passa dans le ciel comme pour donner le signal du départ et se fut fait.

 

Il referma son clavier, le rangea dans sa sacoche, avala une gorgée d’eau, le leva puis repris son chemin. Le crépuscule était tombé.

 

Comme les autres passants, je ne lui ai pas parlé, et je n’ai jamais su pourquoi il s’était installé à cet endroit pour écrire…et ce qu’il écrivait…

 

Quelqu’un l’a-t-il su ?...

 



16/05/2011
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